Union Européenne: l'acte manqué
Depuis hier soir, nous connaissons donc les futurs chefs de l'Union Européenne
qui « gouverneront » le Conseil Européen et les affaires étrangères de
l'Union à compter du 1er décembre 2009. Le choix s'est porté pour la présidence sur Herman Van Rompuy,
premier ministre belge depuis un an, et la baronne travailliste
Catherine Aschton, jamais élue au suffrage universel. Nous pouvons dire
que ces nominations sont très décevantes et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, tout le monde s'accorde à dire que ces deux personnages n'ont aucun charisme évident. Le traité de Lisbonne, en instituant ces deux postes, était censé donner une parole forte à l'Union.
Pour cela, il faudra repasser. Van Rompuy était un des rares candidats
consensuels et Aschton est l'expression même de ce que les peuples
européens détestent dans la sphère de Bruxelles: les technocrates
inconnus n'ayant jamais reçus l'onction populaire démocratique qui
décident pour nous. Il faut dire que, même si j'étais complètement
opposé à cette candidature (guerre en irak, ou refus de l'euro), une
présidence portée par Tony Blair aurait eu « de la gueule ».
Personnellement, j'étais favorable à la candidature de Vaira
Vike-Freiberga, l'ex-présidente lettone qui a déjà démontré toute sa
capacité à rassembler (hors-parti) et à parler d'une voix forte (voix
en plus polyglotte!). Des gens comme Miliband pour le Royaume-Uni ou
Felipe Gonzalez pour l'Espagne au poste de Haut représentant des
affaires étrangères auraient également été des nominations
intéressantes.
Il semblerait que le choix de Van Rompuy ait été fait pour ménager les ardeurs et les susceptibilités des grands dirigeants européens comme Nicolas Sarkozy, ce que Ségolène Royal critiquait récemment et ce qui ne laisse pas présager un avenir allant vers la fédéralisation (les « Etats-Unis d'Europe ») tant que l'égo des chefs d'Etats européens seront aussi développés.
Deuxièmement, encore une fois, ce choix s'est fait dans la totale opacité. Daniel Cohn-Bendit dénonçait ainsi une « caricature de démocratie ». Quand est-ce que les peuples européens auront leur mot à dire? L'élection au suffrage universel du président du Conseil Européen est une nécessité, de la même manière que l'élection d'une Assemblée Constituante Européenne avec des listes transnationales l'est également.
Enfin, on peut regretter le choix des « pays » que représentent les deux protagonistes. Deux pays de l'Europe de l'Ouest, dans les arcannes de l'Union depuis de nombreuses années (1957 pour la Belgique, 1973 pour le Royaume-Uni). Nous ne pouvons que regretter le manque de représentation des nouveaux pays (PECO notamment), sachant que la présidence de la Commission Européenne est déjà exercée par un portuguais. Ensuite, on peut aussi critiquer le poste important détenu par l'Angleterre alors que comme Michel Rocard l'indique, c'est « un pays qui ne veut de diplomatie européenne en aucun cas, on est dans la caricature ».
L'Europe n'est donc pas encore sorti du trou, et ne trouvera son salut qu'avec la consultation et la participation totale des citoyens...