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Point de vue sur le discours du Vercors du Président de la République à propos de l'identité nationale

Vous trouverez ci-dessous mon avis sur le discours de N. Sarkozy le 12 Novembre dernier dans le Vercors traitant de l'identité nationale. Pour moi, il ne faut pas fuir ce débat car qu'est-ce que l'identité nationale si ce n'est ce qui nous lie nous français. Cependant comme vous allez le voir, je n'ai pas la même conception de notre identité que le Président...


Nicolas Sarkozy semble ne pas manquer d'ego. Se sentant véritablement investi par l'Histoire, il pense que sa politique incarnerait l'identité nationale française, dans le prolongement de la Résistance (même si ceux qui se battaient il y a 65 ans pour protéger les juifs n'ont pas le même crédit dans son cœur que ceux qui se battent aujourd'hui pour protéger des afghans menacés d'être expulsés et envoyés à l'abattoir dans un pays en guerre), de la République et même de la monarchie (!) car fait rare pour un président républicain, il a déclaré qu'il faut regarder ce que « la République DOIT à l'Ancien Régime » (insistons sur le verbe devoir!).


Son discours est une sorte de bilan de la formidable action qu'il a mené depuis 2007. Autre fait que j'ai remarqué dans ce discours et qui me révolte considérablement, c'est la grande supériorité qu'accorde Nicolas Sarkozy à la France et à son identité dans le monde, seul pays où écouter la prose de nos grands écrivains nous feraient nous sentir français (Est-ce nier la culture allemande, anglaise, chinoise, sud-américaine et j'en passe?). Il est vrai que N.S. est après tout la caricature même de l'arrogance française (pour rappel, il avait déclaré en 2007 que la France était un pays non « barbare » sous-entendant que l'Allemagne en était un). On est en tous cas bien loin de la vision de Claude Levi-Strauss, pourtant salué par le Président de la République, qui critiquait cet occidentalocentrisme. En plus de cela, Sarkozy se délecte d'un franco-centrisme et d'une franco-supériorité aiguë.


Nous pouvons également regretter la vision de Nicolas Sarkozy de l'identité nationale, vision qui semble nationaliste, niant le pouvoir des étrangers à influer notre identité et notre culture (j'y reviendrai plus tard), et ne traitant absolument pas de l'identité européenne ou encore de l'identité internationaliste qui font pourtant partie à part entière de l'identité et de l'Histoire de la France, même si elles ont vocation à les dépasser.


Autre chose affligeante dans ce discours: Nicolas Sarkozy réécrit l'Histoire! En effet, il affirme que depuis la Terreur, aucun totalitarisme n'a menacé nos libertés fondamentales. C'est une erreur monumentale et grave. D'abord parce que dire que la Terreur est un totalitarisme est un anachronisme puisque le totalitarisme est un mal du XX ème siècle (mais à la limite, on peut pardonner cette erreur à une personne préférant Chimène Badi à la Princesse de Clèves). Ensuite, parce que je ne crois pas que les régimes impériaux napoléoniens, le régime colonial et encore moins le régime de Vichy n'aient pas menacé nos libertés fondamentales. D'autant plus qu'aujourd'hui, je ne crois pas non plus que les libertés fondamentales ne soient pas menacées, il ne nous suffit qu'à demander leur avis à des immigrés, des sans-papiers, des sans-domiciles fixes, des prisonniers et bien d'autres encore dans notre pays.


Ce discours est également dangereux, notamment lorsque l'on voit que l'héritage chrétien de la France est appréhendé avant l'idée de laïcité, idée elle-même très mineure dans le discours de Sarkozy. Cela nous rappelle le fameux discours de Latran dans lequel N.S. affirmait que l'instituteur n'aurait jamais la place du curé, ce qui, je crois, n'est absolument pas dans notre identité nationale.


En outre, ce discours fait la part belle aux contradictions. Il ne s'agit pas ici d'en faire une liste exhaustive (ma batterie d'ordinateur ne peut tenir toute une semaine...) mais de pointer les plus importantes et les plus scandaleuses. Par exemple, Nicolas Sarkozy prône la diversité, qui ferait la « richesse » de la France. On ne va pas dire le contraire et s'y opposer. Cependant, cette idée est-elle compatible avec un ministre de la République (qui plus est de l'Intérieur) qui déclare que quand il y a plusieurs a...uvergnats, çà cause des problèmes? Nicolas Sarkozy prône l'ouverture au monde, aux autres cultures, à la diversité et au métissage (sachant qu'on le connaît plus enclin au communautarisme...) mais çà ne semble pas le déranger que dans le paragraphe qui suit; il affirme que les étrangers doivent d'abord partager la culture française. Seulement, si l'identité nationale est le fruit du métissage et de l'ouverture, pourquoi refuser le droit aux « nouveaux venus » d'influencer l'identité nationale avant de se voir obligé de l'assimiler presque benoîtement?


Ce discours présente également une autre contradiction et de taille: l'impôt, dont le principe est présent dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et dont Nicolas Sarkozy qualifie de « premier devoir du citoyen ». Dans le même temps, N.S. vante dans son discours sa politique fiscale, que l'on sait tous injuste et inégale. Les personnes les plus riches seraient-ils exemptés du « premier devoir du citoyen » alors que dans le même temps, les plus pauvres et les classes moyennes auraient à subir le poids de la fiscalité? N.S. insiste pour dire que l'intérêt général doit passer avant l'intérêt particulier. Est-ce ce principe qui est mis en œuvre dans le paquet fiscal ou lorsque le président et le gouvernement se prêtent à des actes de népotisme ou de copinage divers?


Enfin, citons une dernière contradiction (parmi tant d'autres) dans ce discours: Nicolas Sarkozy vantant les mérites de la liberté d'expression (lui qui met le service public de l'audiovisuel sous sa botte et qui fait pression pour censurer des livres) et de la caricature quand il s'agit de caricaturer Mahomet. Dommage qu'il n'apprécie pas autant la caricature quand c'est lui qui est caricaturé en poupée vaudou et qu'il va en justice pour interdire ces poupées! Est-ce cela la défense de la caricature?


En tous cas, et pour conclure, je pense sincèrement que l'identité nationale est au-dessus des partis et de la politique politicienne. Je ne pense pas que l'identité nationale ne se résume au programme politique présidentiel de monsieur X. Par exemple, je ne crois pas que la valeur travail, bien qu'elle soit primordiale, soit au centre de l'identité nationale comme voudrait nous le faire croire Nicolas Sarkozy (n'y a-t-il qu'en France que l'on travaille?). Je ne crois pas non plus que les 35h, la burka, ou encore les étrangers puissent menacer l'identité nationale. L'identité nationale n'est pas la politique d'un seul et ne peut pas s'incarner dans une politique qui, au contraire, casse les valeurs fondamentales de notre identité nationale, à savoir: les services publics, l'éducation, la décentralisation, l'indépendance de la justice et d'autres encore. L'identité nationale est l'affaire de tous et c'est à nous tous de la définir ensemble!



29/11/2009
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