Immigration: le chiffre plutot que l'humanisme
Comme en 40
« Pour lutter contre cette machine implacable, des nouveaux rebelles entrent en résistance contre les quotas d'expulsion imposés par l'homme de la rupture: 25 000 en 2007, 28 000 en 2010. Comment contrarier le Grand ordinateur xénophobe [ordinateur fichant tous les sans-papiers expulsables]? En planquant des sans-papiers à leur domicile. Cette forme de désobéissance civile est nouvelle. Faut-il l'applaudir? Elle est la résultante d'une lente dérive des institutions, où les hommes ne sont plus que des chiffres »
Serge Raffy, journaliste au Nouvel Obs
Article inspiré de « Les rebelles anti-expulsions » parus dans le n°2253 du Nouvel Obs (Janvier 2008).
De plus en plus de monde ose cacher aujourd'hui des sans-papiers à leur domicile pour les sauver d'une expulsion prochaine; Kosovars, Congolais, Arméniens, Albanais... Tous ont fuit leur pays, et tous ne veulent pas y retourner. La politique du ministre de l'Intérieur Sarkozy est assez désastreuse en la matière. Il n'a pas résolu les problèmes, il les a déplacé. Exemple: la fermeture du centre de Sangatte en 2002. Résultat: il n'y a pas moins d'immigrés (ils sont tous dans les rues de Calais) mais ceux-ci n'ont plus de structure d'acceuil et vivent dans l'instabilité, la pauvreté et vivent (et sont traités) comme des animaux égarrés.
Créée en Juin 2004, l'Association RESF (Réseau Education Sans Frontières) s'est imposé comme le principal contre-pouvoir à la politique d'expulsion menée par le tandem Sarko-Hortefeux.
Sous son égide, de plus en plus de personnes, de familles acceptent de loger des sans-papiers. Pour avoir logé un sans-papier, un français risque 5 ans de prison ferme. Officiellement, cette punition ne concerne que les passeurs. Cependant, aujourd'hui de nombreux préfets en apellent à la « délation ». La traque s'organise par le besoin du chiffre... Après tout, Hortefeux est évalué en fonction du nombre d'immigrés qu'il expulsera. Ce genre de comportement est dangereux! Le chiffre, toujours le chiffre. « Nous ne pouvons acceuillir toute la misère du monde » mais tout immigré reste un être humain! Ce n'est pas un nom sur un fichier. Ce n'est pas un numéro qui doit augmenter la note de Brice...
24 000 personnes expulsées en 2007. Tout le monde y passe. Certains enfants se retrouvent sans parents qui sont reconduits à la frontière. Hortefeux a le sens des mots, il préfère parler « d'éloignements » plutôt que « d'expulsions ». Hortefeux a mené une lutte gigantesque cette année. Beaucoup de problèmes ont émaillé cette « traque »! La défenestration est devenu sport national au ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale.
2007, année triste pour l'humanisme, amalgame entre les immigrés et l'identité nationale (Sarko a-t-il oublié que l'immigration a fondé l'identité nationale en france?), politique du chiffre etc.
Alors que faire pour l'immigration? Je suis favorable à une « immigration choisie » mais pas celle de Nicolas Ier. La France ne se doit pas d'accepter sur son territoire des hommes et des femmes parce que la France en a besoin (BTP...) mais elle doit aider les immigrés qui ont besoin du pays des Lumières, du pays des Droits de l'Homme. Voilà quelle est ma vision de la France. Comment peut-on renvoyer un tchadien, un kosovar dans son pays alors que dans le même temps on acceuillerait à bras ouvert un canadien cuisinier?
Il est temps de cesser de voir les hommes comme des agrégats économiques. Il est temps de définir une politique de l'immigration humaniste! Il est temps de définir des critères inaliénables d'acceptation sur le territoire en fonction de données faisant consensus. Par exemple: les régions à risques (Darfour etc.), les minorités ethniques persécutées, les orientations persécutées (homosexuels en Iran)... Bien sûr d'autres remèdes peuvent exister pour lutter contre l'immigration contraignante: le co-développement. Mais Nicolas Ier n'est pas décidé à établir ce principe en banière, et n'est décidément pas prêt à faire pression sur des régimes méprisant les Droits de l'Homme qu'il encourage même quelquefois (Lybie, Russie...)
Triste France