Frédéric Mitterrand: un drôle de ministre...
Frédéric Mitterrand est depuis sa nomination au ministère de la culture en juin dernier au cœur de l'actualité. Impliqué dans de nombreuses polémiques, son dédain et son indifférence vis-à-vis de tous les reproches qui pouvaient lui être incriminés en ont fait sa singularité et son originalité. Cependant, Frédéric Mitterrand a-t-il sa place comme ministre de la République?
Ses qualités et ses compétences en matière de culture sont indéniables. Même si l'illustre et imprévisible neveu de « tonton » a certaines prises de position douteuses, qui peuvent nous interroger sur la vision qu'il a de la culture. Je prendrais pour exemple la polémique autour d'Orelsan. Je ne dis pas que Frédéric Mitterrand a eu tord de défendre la liberté de parole du rappeur (même si je suis totalement effaré à l'écoute des dites paroles) puisque c'est son job mais de là à comparer un chanteur vantant le machisme, la misogynie voire les violences conjugales au grand poète Arthur Rimbaud, il y a un pas que très peu de monde aurait franchi. De plus, Frédéric Mitterrand a défendu devant le Parlement le projet de loi hadopi 2, qui se trouve bien loin de ma conception de la culture comme je l'avais écrit dans un article précédent.
Mais plus que son talent en matière de culture, c'est sa légitimité à incarner l'État et la France qui est récemment remis en cause dans les dernières polémiques. Tout d'abord à propos de l'affaire Polanski, présumé coupable d'un viol sur une fillette de 13 ans dans les années 70, que notre ministre de la culture a défendu, en déclarant notamment que c'était « une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens ». Ancienne d'accord et on peut s'interroger sur l'imprescriptibilité de ce type de crimes mais de là à dire que çà n'a pas de sens... De plus, de quel droit un ministre peut se permettre de juger à la place de la justice, même si celle-ci est d'un autre pays? N'est-ce pas, en plus de l'ingérence dans les affaires d'un autre Etat, une déviance dans la séparation des pouvoirs?
Autre polémique concernant Frédéric Mitterrand, soulevée par Marine Le Pen: les écrits du ministre (de la République) dans un livre en 2005 La Mauvaise vie dont voici les extraits: «J'ai pris le pli de payer pour des garçons [...] Évidemment, j'ai lu ce qu'on a pu écrire sur le commerce des garçons d'ici .[...] Je sais ce qu'il y a de vrai. La misère ambiante, le maquereautage généralisé, les montagnes de dollars que ça rapporte quand les gosses n'en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Mais cela ne m'empêche pas d'y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément […] On ne pourrait juger qu'un tel spectacle abominable d'un point de vue moral, mais il me plaît au-delà du raisonnable […] La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de réfréner ou d'occulter. L'argent et le sexe, je suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu'on ne me refusera pas.»
Que l'accusation vienne de l'extrême-droite ou d'ailleurs, les faits sont là et sont graves, d'autant plus que Frédéric Mitterrand ne dément pas du tout ces propos et ne revient pas sur ses paroles, ô combien choquantes. Comment Nicolas Sarkozy qui souhaite éradiquer les délinquants sexuels et les gènes qui seraient porteurs de la pédophilie peut-il brasser du vent pour cet objectif alors que dans le même temps, un de ses ministres vante le tourisme sexuel avec des jeunes thaïlandais?
Alors que le même Président et l'UMP veulent revenir au XVII ème siècle en castrant les délinquants sexuels (mais personne ne se rend apparemment compte de la gravité de cette mesure si elle est prise?), ne feraient-ils pas mieux de commencer par s'occuper Ministre de la Culture? La démission est je crois nécessaire. Il est pour moi, et pour beaucoup d'autres français, totalement insupportable, que la France soit représentée par une personne qui déclare de tels propos, sans en mesurer les conséquences et la gravité...